Émilie Jouvet et le Queer X Show : identité queer vs stéréotypes de genres et de sexualités

DOI : 10.35562/marge.272

Résumés

Ce texte propose d’observer comment dans le Queer X Show - que nous appréhendons ici par les captations vidéo d’Émilie Jouvet - est questionnée l'identité QUEER dans sa pluralité, par le biais X, celui de la pornographie, dans la pratique spectaculaire (dans le sens étymologique du terme) du SHOW (ce qu'on montre) burlesque (mouvement artistique féministe né aux États-Unis, dans les années 1990, associé à la contre-culture). Le propos est de montrer comment le QXS participe de la construction identitaire queer, ou de quelle manière une œuvre d'art peut-elle acter une identité construite sur le refus des stéréotypes. Le terme « monstration » traduit au mieux le caractère spectaculaire des performances proposées (montrer, faire show de ce qu'on montre) mais aussi et leur « monstruosité » performative.

This paper proposes to analyse how in the Queer X Show - which we apprehend here by the video by Émilie Jouvet - is questioned the QUEER identity in its plurality, through X, that of pornography, in spectacular practice (in the etymological sense of the term) of the burlesque (a feminist artistic movement born in the United States in the 1990s, associated with counterculture) SHOW (to show). The purpose of this paper is to show how the QXS participates in the construction of the queer identity, or how an art expression can act as an identity constructed on the refusal of stereotypes. The term "monstration" best reflects the spectacular character of the performances proposed (show) but also and their performative "monstrosity".

Texte

S'interroger sur la question de l'identité queer c'est se questionner sur celle des identités, diverses et variées, identités fragmentées de sexualités et de genres qui ne peuvent se cantonner à une seule définition. C'est penser l'identité comme le refus de toute catégorisation, dans une réappropriation des stigmates et des mots infamants propres à la contre-culture.

Dans le trailer du film fait à partir de la tournée1, on retrouve chacune des intentions du projet. Queer, mot anglais signifiant « étrange », « peu commun », souvent utilisé comme insulte envers des individus aux orientations sexuelles et aux genres variés, a été très vite adopté et revendiqué, par ironie et par provocation, par des militants et intellectuels, ainsi que par toute personne refusant la catégorisation du genre, de ses sentiments amoureux et/ou de sa sexualité. Ce terme est apparu à partir des années 1990, selon le même phénomène d'appropriation du stigmate que lors de la création du mot négritude. Il sert de point de ralliement pour ceux et celles qui ne se reconnaissent pas dans une société hétérosexiste et hétérocentrée, et par ceux et celles qui cherchent à questionner les identités de genre, de sexe et de sexualité en prenant appui sur les travaux de Judith Butler. Se définissent ainsi comme queer des personnes aux pratiques et/ou préférences sexuelles non exclusivement hétérosexuelles ou ayant des caractéristiques qui ne correspondent pas aux normes liées à leur sexe, ou à leur genre, mais qui ne souhaitent pas se (voir) définir plus précisément, que ce soit par leur sexe (mâle ou femelle), leur genre (homme ou femme) ou leurs pratiques sexuelles. Émanation et écho du milieu socio-culturel dans lequel il a été produit, le Queer X Show d’Émilie Jouvet n'est pas seulement la revendication queer d'une identité transgressive. Il interroge le rapport à soi et à l'autre, les identités de genre et les orientations sexuelles, qu'il trouble, dans une pratique spectaculaire interactive et jouissive.

Sadie Lune présente le QXS comme un « gang-bang presque normal d'artistes de Berlin, Paris et San Francisco » : la pornographie, l'identité no straigth donc queer, et la performance burlesque, le show, sont immédiatement convoqués, ainsi que le caractère international mais fondamentalement identitaire des villes d'origine des performeuses. La chanson accompagnant le trailer (I'm a bitch de Noblesse Oblige) revendique le sous-titre du DVD, Feminist sluts, ce que reprend Wendy Delorme dans ses commentaires. Il y a à la fois beaucoup d'humour et de militantisme féministe (pro-sexe) dans cette minute de bande-annonce. En plus du trailer, nous commenterons deux extraits du DVD2, le premier exposant les partis-pris d'une des performances, celle de Sadie Lune, et l'autre en coulisses, expliquant le choix du titre du film, Too Much Pussy !

L'organisation de cet article est donc simple : il s'agit d'observer comment dans le QXS est questionnée l'identité queer dans sa pluralité, par le biais X, celui de la pornographie, dans la pratique spectaculaire (dans le sens étymologique du terme) du show (ce qu'on montre) burlesque (mouvement artistique féministe né aux États-Unis, dans les années 1990, associé à la contre-culture. Il s'agit de performances scéniques réalisées par des artistes légèrement vêtues ou pratiquant le strip-tease), bien loin de l'édulcoré et très masculin Tournée de Mathieu Amalric !

Davantage présentation qu'analyse du Queer X Show, que nous appréhendons ici par les captations vidéo d’Émilie Jouvet, le propos est de montrer comment le QXS participe de la construction identitaire queer, ou de quelle manière une œuvre d'art peut-elle acter une identité construite sur le refus des stéréotypes identitaires ?

Né des rencontres et des expériences personnelles d’Émilie Jouvet et de Wendy Delorme, le QXS a pour intention première de donner la parole à des artistes (actrices, chanteuses, danseuses, performeuses) issues du mouvement féministe pro-sexe (feminist sluts), ayant toutes en commun le militantisme queer.

Issue des Beaux-Arts et de l’École Nationale Supérieure de la Photographie, Émilie Jouvet est réalisatrice et photographe. En 2005 elle réalise le premier long métrage queer porn lesbien et transgenre français : One Night Stand. Durant l'été 2009, elle monte, avec Wendy Delorme, une troupe éphémère de performeuses, pour une tournée européenne, afin de tourner son deuxième long-métrage Too Much Pussy ! Feminist Sluts in the Queer X Show, un road-movie, documentaire militant féministe sorti dans les salles de cinéma en Europe en 2011. Le film a remporté de nombreuses distinctions. Le QXS est composé de concerts live, de performances burlesques, de lectures mises en scène, de danses et de projections vidéo, développant, en mots et en images, une réflexion sur les relations entre expression artistique, mise en scène des corps, identité queer et nouvelles sexualité. Quant au film, Too Much Pussy, c'est un docu-fiction sur la tournée : docu parce qu’on suit les artistes dans les coulisses.

Wendy Delorme, Judy Minx, DJ Metzgerei, Mad Kate, Sadie Lune et Madison Young, sont les sept artistes performeuses du QXS. Elles se définissent elles-mêmes comme militantes, féministes, artistes, écrivaines, musiciennes, travailleuses du sexe, porno stars, lesbiennes, bisexuelles, queers, pin-up vintage, punkettes, androgynes, drag kings, fems ou femmes fatales. Elles viennent d’Europe et des États-Unis, et leurs identités comme leurs orientations sexuelles sont diverses et multiples, plurielles. Cependant, elles se revendiquent toutes comme féministes pro-sexe. Elles militent par conséquent en faveur de la liberté pour quiconque de disposer de son corps (héritage de la première vague féministe) et ce sans restrictions, dans les limites du respect et du consentement mutuel entre partenaires adultes, y compris pour des échanges marchands. Elles défendent les droits sociaux des travailleurs et travailleuses du sexe, et leur respect dans la société, afin de lever le stigmate qui pèse sur elles. Elles sont en cela inspirées par la révolution initiée dans les années quatre-vingt par Annie Sprinkle aux États-Unis, du féminisme pro-sexe des années quatre-vingts qui, plutôt que de condamner le X, a préféré en proposer un autre, différent, moins normé, où tous les corps sont possibles, et qui ne soit pas rythmé uniquement sur le plaisir masculin et la domination masculine. Actrice porno dès l'âge de dix-huit ans, devenue artiste et militante féministe, cette dernière propose une pédagogie du sexe qui questionne les stéréotypes genrés et défend le travail du sexe. Dans ses performances, elle remet en cause le rôle d'objet sexuel souvent dévolu aux femmes dans l'industrie du sexe et propose aux femmes de tirer pouvoir de leur sexualité (sa performance la pluscélèbre est Public Cervix Announcement durant laquelle elle invite le public à contempler son col de l'utérus au moyen d'un spéculum inséré dans son vagin, performance reprise dans le Queer X Show par Sadie Lune et qui intéresse particulièrement notre propos.

Ces sept performeuses jouent librement avec les genres et les sexualités, et réinventent de nouvelles représentations des désirs et de la jouissance, en déconstruisant stéréotypes et préjugés. Elles placent le corps, les genres et la sexualité au centre et à l'origine de leur inspiration et de leur création artistique. À elles sept, elles représentent un panel de diverses attirances et orientations sexuelles et posent donc la question des identités, multiples et plurielles.

Wendy Delorme, qui a choisi son prénom pour la fiancée de Peter Pan, se définit elle-même comme une femme de lettres, performeuse et militante activiste queer. Elle s'est produite sous les pseudonymes de Wendy Babybitch et Klaus Engel, au sein des troupes néo burlesques « The Kisses Cause Trouble », « Le Drag King Fem Show », « Le Cabaret des Filles de Joie » et le « Queer X Show ». Ses livres parlent, sans périphrase, de la sexualité féminine et des différentes façons de la vivre.

Judy Minx (son pseudo est à la fois un hommage à Judith Butler et la revendication de son statut de « catin ») est une actrice française de films pornographiques mainstream et/ou lesbiens et queers. Travailleuse du sexe, militante, activiste féministe, syndicaliste au STRASS, elle organise également des ateliers d'éducation sexuelle. Elle voit dans la sexualité un domaine qui doit être investi par les femmes et les minorités sexuelles, en faisant du corps, du plaisir et du travail sexuel, des outils politiques dont les femmes doivent s'emparer.

Madison Young est une actrice de films pornographiques, réalisatrice, écrivaine, activiste queer et performeuse américaine (elle dirige la galerie d’art Femina Potens à San Francisco et soutient la création féminine et les artistes issuEs des minorités sexuelles) tout comme Sadie Lune, elle-aussi performeuse, écrivaine, militante féministe et activiste queer.

Metzegerei est une DJ allemande de la scène alternative queer berlinoise comme Mad Kate, performeuse berlinoise et américaine.

Les lieux de représentation choisis pour les shows l'ont été a priori pour leur qualité d'accueil, de mixité et d'ouverture d'esprit : « Metro Annessens », Bruxelles ; « Le Tango », Paris ; « Chez Régine », Paris ; « Les Souffleurs », Paris ; « Tsunami Club », Cologne ; « L.U.X. Club », « Barbie Deinhoffs », « BKA Theater », « Monster Ronsons », « Schwarzer Kanal » à Berlin ; « Salt Club » et « Art Rebels Gallery » de Copenhague ; « D'NYE », Malmö ; « Kolingsborg », Stockholm.

Après avoir regardé le générique du film, nous constatons que chaque performeuse est ici présentée en fonction de ce qu'elle apporte en terme d'acte et d'identité au show (par exemple Madison Young devant un peep-show ou Sadie Lune en prêtresse new age), revendiqué comme féministe, pornographique, queer et burlesque (selon ce qui est montré à l'écran).

Le show burlesque et la pornographie actent à la fois un refus du repli identitaire et paradoxalement la construction d'une nouvelle identité, transgressive. Le déroulement des représentations et leur réception révèlent le caractère éminemment performatif de chaque représentation (dont le titre variait parfois en fonction du lieu, de la participation d'autres performeurs ou performeuses amiEs locaux/ales et du public attendu). Le terme « monstration » nous sert à traduire à la fois le caractère spectaculaire des performances proposées (montrer, faire show de ce qu'on montre) mais aussi leur caractère « monstrueux », c'est-à-dire troublant ou d'inquiétante étrangeté freudienne.

La performance est un mode d’expression contemporain qui consiste à produire des gestes, des actes, au cours d’un événement dont le déroulement temporel constitue l’œuvre, et qui contient souvent une part d’improvisation. La performance est souvent associée à l'idée d'une forme d'expression originale qui change à chaque présentation en fonction du contexte de création. Elle ne doit avoir lieu, par conséquent, qu'une seule et unique fois. Son processus et le résultat qu'elle produit, peuvent être enregistrés, filmés, et reproduits. La performance a été inventée pour couvrir des pratiques qui résistaient à toute catégorisation, en rendant compte d’une variété de manifestations qui n’incluent ni n’excluent l’idée de représentation (mais dans la conception artaudienne de la représentation). Comme l'écrit Patrice Pavis : « Le performer […] qu'il chante, danse ou récite, réalise ces actions réelles en tant que lui-même, en tant que performer et non en tant que personnage feignant d'être un autre en se faisant passer comme tel aux yeux du spectateur. Si on emploie de plus en plus souvent le terme de performer […] c'est pour insister sur l'action accomplie par l'acteur, par opposition à la représentation mimétique d'un rôle. Le performer est d'abord celui qui est physiquement et psychiquement présent devant le spectateur. »3

Un autre extrait nous intéresse particulièrement, c'est la manière dont Sadie Lune montre ce qu'elle est ou ce qu'elle a, selon ses propres dires dans le making-off du film, lors de la présentation du Cervix Show dans un squat berlinois avant une représentation du soir. Cette performance est, selon nous, une métonymie du spectacle.

Exposer son intimité est pour Sadie Lune, comme cela l'était pour Annie Sprinkle, un moyen de dédramatiser et désacraliser la fascination paradoxale qu'exerce l'appareil génital féminin (qui est aussi un appareil reproductif) en montrant et en expliquant calmement les choses.

Peu de personnes voient un col de l'utérus. Le montrer à qui souhaite le voir, c'est tenir un discours sur le corps des femmes, sur les genres, sur les identités, au pluriel, un discours fortement féministe. La nudité elle-même des corps durant le show est un discours politisé sur l'identité de genre et la sexualité car c'est montrer, exposer, la diversité des corps, des sexes, des genres, des sexualités, qui résiste à toute forme de catégorisation, de généralisation, de naturalisation et d'identification.

Les performances du show sont donc toujours politiques, éducatives, remettant en cause les rôles sociaux et sexuels (stéréotypes de genre, de classe ou de « race ») pour lesquels les individus semblent être programmés en proposant la diversité, la multiplicité, la pluralité des propositions, avec beaucoup d'humour.

Le show met en images et en actes les études de genre et les questionnements récurrents autour du rapport au corps, au sexe, aux identités de genre. Le caractère « pornographique » du show vient bien sûr de la performance scénique et de la nudité (certaines performances sont très « crues » et tout est montré en très gros plans, comme on vient de le constater), mais malgré l'insistance sur le caractère X du show et du film qui en est tiré (interdit au moins de 18 ans), Émilie Jouvet affirme qu'il n'y a rien de pornographique dans son travail : « Je n’appelle pas ça de la pornographie. On voit des seins et des culs partout dans l’art, mais ce qui dérange c’est la différence d’intention. [...] Ce qui perturbe peut-être, c’est quand le modèle est dans une attitude forte de sujet désirant, et pas d’objet. C’est pareil avec la représentation du corps. On est envahi d'images de très jeunes femmes minces, féminines, glabres et aux désirs visiblement hétérosexuels, posant nues pour vendre des yaourts ou une voiture, mais quand c’est une personne dont le désir très frontal n'a rien à vendre, dont l'orientation sexuelle prête à confusion, ou grosse, ou non épilée, ou avec un genre indéfini, ça peut mettre certaines personnes en rage, alors que d'autres vont y trouver de la beauté, de l'émotion ». Ce qui l'intéresse c'est plutôt la sexualité comme outil politique « car c’est un territoire où se jouent en catimini les structures sociales de pouvoir et d'oppression. Mais cela peut être aussi un territoire de liberté et de réflexion. La sexualité a une influence sur nos vies beaucoup plus large que ce qui se passe dans un lit. À partir du moment où les droits des individus sont inégaux en fonction de leur orientation sexuelle, de leur sexe ou de leur genre, c'est même un énorme impact. Les mouvements LGBTQI se sont définis par rapport à leur sexualité, afin d'obtenir l'égalité mais aussi pour lutter contre l’invisibilisation de leurs identités multiples. Personnellement, je vois l'orientation sexuelle ou le genre comme un continuum, non pas comme un système binaire. Avec un curseur qui se déplace selon les gens et au cours de leur vie. On peut même penser en plusieurs dimensions : le sexe, le genre, l’orientation sexuelle, et l’intensité du désir (d’asexuel à très sexuel) […] On pourrait penser qu’un show composé par de telles artistes serait forcément pornographique. Or, elles redéfinissent le mot de « pornographie » au sens premier du terme, le réinvestissent, le re-signifient de façon conscientisée, politisée, avec générosité et créativité. […] (cf. les analyses célèbres de Michel Foucault in « Histoire de la sexualité, Tome I – La volonté de savoir » et plus récemment les écrits de la philosophe Elsa Dorlin sur le sujet). » ォPornographieサ, du grec pornê (prostituée) et graphê (écriture), vise moins la sexualité que le discours qui se tient sur elle, l'image qui la présente, la symbolise, la sublime ou la dégrade, le regard qu'elle porte sur elle-même. Si a priori chaque fois qu'il y a sexualité, il y a représentation, dans le QXS, il y a aussi, performance et monstration dans un but éducatif et militant.

Il s'agit bien de parler de sexe, de pornographie, de jouissance, de féminisme, et de montrer, de faire acte de monstration. Chaque geste, chaque parole, chaque performance, est dirigée vers une réflexion sur la place des femmes dans la société, sur les potentiels d'un corps libre, libéré, et divers.

Pour conclure, nous nous intéressons à la réception problématique du Queer X Show : « Too much pussy », dit Wendy. Ce qui gêne, selon elle, c'est qu'il y ait trop de « chattes », trop de femmes qui envisagent leur identité sexuelle et leur corps dénudé comme un manifeste de libération. Le propos féministe sous-tend l'ensemble du discours et fait corps pour ainsi dire avec le discours queer. Le rejet constaté par Wendy est intéressant car il montre bien le caractère militant du show burlesque pornographique mais aussi le caractère identitairement dérangeant du projet (no straigth)

Ce type de manifestation artistique, interroge, in fine, la visibilité des femmes et des minorités (de sexe, de sexualité et de genre) et ce qu'on considère comme des transgressions et des remises en question des modèles établis, des stéréotypes de genre, des préjugés et de la norme sexuelle dominante, en proposant d'autres identités, ouvertes et non-sectaires. L'identité queer est celle qui trouble le discours identitaire et fait le lien entre les diverses revendications de visibilité des minorités dans une société encore dominée par la norme mâle, blanche et hétérosexuelle. Comme le dit Émilie Jouvet : « L'art c'est aussi découvrir des univers différents et d'autres visions du monde […] En ce moment la montée de la haine en France est très inquiétante, et les mouvements extrémistes se battent pour l'interdiction de certaines représentations, comme s’il ne fallait surtout pas que certains textes ou certaines images soient accessibles au public. Ils ont compris que l'image peut être source d'émancipation et/ou de réflexion. La censure et le contrôle de l'image aident à maintenir l'ignorance ».

Or « être vu, avec ses désirs et ses interrogations, c’est exister, c'est résister, c'est partager. Se mettre à nu, avec une certaine jubilation, c’est montrer que d’autres routes sont possibles », que d'autres identités sont possibles.

Bibliographie

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Bourdieu Pierre, La Domination masculine, Paris, Seuil, « Liber », 1998.

Butler Judith, Trouble dans le genre, Le féminisme et la subversion de l’identité, [1990], Paris, La Découverte, 2005.

Butler Judith, Ces corps qui comptent, De la matérialité et des limites discursives du “sexe” [1993], Charlotte Nordmann (trad.), Paris, Éditions Amsterdam, 2009.

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« Émilie Jouvet : “Il n’y a rien de pornographique dans mes photos” », [en ligne], Les Inrocks, 26 février 2014, disponible sur https://www.lesinrocks.com/2014/02/26/style/emilie-jouvet-il-ny-a-rien-de-pornographique-dans-mes-photos-11841285/

Pavis Patrice, L’Analyse des spectacles, Paris, Armand Colin, 2012, p. 64.

Quignard Pascal, Le Sexe et l’effroi, Paris, Gallimard, 1994.

Notes

1 Émilie Jouvet, Too Much Pussy ! Feminist Sluts in the Queer X Show [en ligne], 2009, disponible sur https://www.emiliejouvet.com/too-much-pussy-film-jouvet Retour au texte

2 Émilie Jouvet, Too Much Pussy ! Feminist Sluts in the Queer X Show, Paris, Solaris Éditions, 2011. Retour au texte

3 Patrice Pavis, L'Analyse des spectacles, Paris, Armand Colin, 2012, p. 64. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Béatrice Alonso, « Émilie Jouvet et le Queer X Show : identité queer vs stéréotypes de genres et de sexualités », Nouveaux cahiers de Marge [En ligne], 1 | 2017, mis en ligne le 12 février 2018, consulté le 18 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/marge/index.php?id=272

Auteur

Béatrice Alonso

Professeure agrégée de lettres modernes au lycée Pablo Picasso de Perpignan, sur poste spécifique Théâtre, Béatrice ALONSO est aussi chercheuse affiliée à l'Axe Texte du CRESEM de l'UPVD. Elle obtient en juin 2005 son doctorat de Lettres et Humanités, en spécialité littérature de la Renaissance, sous la direction de Michèle Clément, à l'Université Lumière Lyon 2. Ses domaines de recherche privilégiés sont les Euvres de Louise Labé, l'étude de la Louenge des femmes (De Tournes, 1551), l'éloge paradoxal... Membre de la SIEFAR (Société Internationale pour l’Étude des Femmes sous l'Ancien Régime) et de RHR (Renaissance, Humanisme et Réforme), elle a co-dirigé avec Eliane Viennot et rédigé la préface du recueil d’articles Louise Labé 2005 paru en 2005 aux Presses de l'Université de Saint-Étienne, ainsi que de nombreux articles.

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